Dis-moi des choses complètement dingues
Petites Pièces 2
(à vot’ bon cœur m’sieurs-dames)
Cargo et Cargaison.
Cargo et Cargaison
s’aimaient d’amour tendre
mais le syndicat n’en voulait rien savoir
des rats s’en mêlèrent
mettant à mal Cargaison
tant et si bien qu’on la transporta à bord
Cargo pris la mer puis l’eau
ensemble ils burent la tasse
sans le capitaine qui certes avait de l’honneur
mais également un horoscope d’enfer ce jour-là
et une famille à nourrir tous les jours
ils firent le bonheur des poissons et autres crustacés
qui , eux, firent la queue pour visiter la dernière expo
de ces diables d’hommes
jamais en mal d’imagination
Cargo avait de beaux restes et des coursives avenantes
et propices à la drague,
Cargaison des boîtes de thon
dont on ne sut pas s’il était de bon ton d’apprécier le concept
la sardine par exemple se mit à rire à l’huile
et le requin se rua sur le buffet…
carguer : verbe transitif, apparu tardivement (1611) est emprunté par l’intermédiaire d’une langue européenne (foutue filière) au latin tardif ‘caricare’ (—> charger, soit en bon français, en prendre une bonne) . L’ancien provençal ‘cargar’ ne semble pas attesté dans ce sens mais dans celui de charger la mule, voire la bourrer – un vrai langage de charretier et des mœurs des mœurs !!!). L’espagnol ‘cargar’ ( –>serrer les voiles, désigne poétiquement l’opération qui consiste à serrer désespérément les fesses dans une situation jugée critique, mais qui ne l’est pas forcément , afin de sauver l’honneur de tout hidalgo bien né, bien entendu en pure perte le plus souvent . Le catalan ‘carregar de veles ‘ (—>pèter un bon coup) est attesté depuis 1450-1490 ( les marins de Colomb, on le sait, ne s’en privèrent pas quand enfin on cria Terre ! Terre ! On dit aussi qu’ils ne s’en cachèrent pas et que cela dura et pua des jours entiers ). Les emplois de ‘carguer’ (—> attaquer en chargeant ) soit en bon français de nouveau , attaquer en chiant littéralement dans son froc et ‘cargue’ , charge militaire (on imagine sans peine l’odeur qu’on s’ empresse de fuir en mettant encore une fois les voiles ) sont avérés dès le 17ième.
Tout ceci , tombé en désuétude pour cause d’amodernité, a fini par prendre le sens que l’on sait dans l’esprit ( et les bottes) de garnements du Finistère ( nord, on est obligé de le préciser honteusement car des dissensions nord-sud existent ainsi que des hygrométries différentes)… à savoir : dans le jeu ( en bonne compagnie donc ) qui consiste à plonger sa botte ( secrète ) dans le cours d’un ruisseau il arrive un moment absolument crucial ( inattention ? Maladresse ? Témérité ? Stupidité ? Excitation ) où l’eau prend comme qui dirait ses aises et à son tour plonge d’un coup d’un seul dans la dite botte . Voilà c’est cela carguer , avec tous les sensations que cela engendrent , et elles sont fort nombreuses et contrastées.
Le Temps !
Ah ! Le temps !
Haletant !
Et douce utopie que ce bon temps que nous n’aurons jamais. Chacun son temps, et les vaches seront bien gardées.
Qu’il pleuve, vente , neige, coule en plomb le soleil, ciel bleu, nuit noire , il passe-passe aussi le temps. La plupart du temps en douce, pas trop fier. Après tout il n’est qu’une illusion habillée scientifiquement de chiffres et maquillée de théories a little bit foggy.
Réfugié phi sur son îlopin, le jardinier tient du naufragé solitaire (le salut est dans la planche ). Son point de vue, son esprit sont un royaume amazonien où tout change comme à vue d’oeil sitôt qu’il a le dos tourné, où tout n’est pas comestible ni même bon, où il le sait un temps de chien peut cacher un temps de cochon qui sera mis à profit par une armada de limaces pour lancer une offensive généralisée, où une bonne pinte de soleil vous requinque un parterre, un qu’on attendait plus, où une philosophie terre à terre invente des saveurs pour le palais ( que nous avons tous , le nez c’est une toute autre histoire ) , des couleurs pour nos mirettes et nos minettes , des fleurs bleues…pour des bleuettes et où il convient de prendre patience : ton heure viendra, ton heure viendra, salive déjà la terre gourmande.
Ah Ah Addiction.
Poil au fion.
On se shoote, se camelote, se défonce, se déchire grave etc
avec tout un arsenal plus ou moins licite
mais toujours d’un bon rapport.
Car c’est bien ça qui compte in fine.
Pas les rapports humains (peuh ! Tous des cons)
mais le rapport, le pognon.
Il n’a, paraît-il, pas d’odeur
(de sainteté ? Et la banque du Vatican, c’est aussi une invention?)
mais il a un son, des sons, le pognon
si doux
comme de la fraîche sonnante et trébuchante
si soyeux
comme des biftons
que l’on ne se lasse pas de froisser et défroisser
et une voix impérieuse
quoi ? Pauv’ con
t’as pas un rond !
Avenirisette.
(ou une vision de l’avenir en jaune, le péril)