Ils sont, les mots toujours les mots,
plus encore
comme des cochons
( et accessoirement et encore , et aussi des perles et de la confiture
aux cochons ! Décidémentiel ! Ils nous épateront toujours)
du sable les mots.
Du sable
dont on fait les châteaux en Espagne
et jusque dans la Manche.
Il coule entre nos doigts
et nous y coulons
des jours heureux à condition de ne pas s’y attarder.
Du sable qui fait les déserts, tant nous nous les avons foulés aux pieds.
Du sable, du marchand de perlinpin,
pour bien dormir sur ses deux oreilles qui ne demandent qu’à être bercées.
Du sable fin
comme de l’or
ou gouleyant et enivrant comme un vin.
Du sable grossier
qui offusque de nos jours encore
les bigotes portugaises des puristes papistes
et les esgourdes dressées des douaniers en charge des allées et venues
au Dictionnaire et de bien d’autres feuilles de chou .
Du sable désapprobateur comme un regard qui en dirait long.
Du sable chaud et envoûtant de mon légionnaire et du bled
du sable libéralement
et avec quelle inconséquence !
Démocratisé sous les tropiques
du sable brûlant de naturelles exhubérances
refoulées jusque là
du sable fuyant
sur et avec lequel nous nous entêtons
tâtonnons
à échafauder des hypothèses balayées
par la première tempête
de sable.
Du sable qui prend nos empreintes et les absorbe
du sable mouvant
qui fait si bien semblant d’être une chose
et soudain vous happe
et ne vous lâche plus.
De la merde les mots.
Et du fric (on dit entre autres conneries que l’argent n’a pas d’odeur et que la merde c’est du fric!)
Pensons à tous ces gens qui ont fait vœu et fortune de nous abreuver , nous gaver de mots par tous les moyens et tous les orifices. À nous l’embarras , les emmerdes, et les odeurs de tous ces mots choisis , pesés calibrés délivrés conditionnés emballés répétés assénés…à eux la thune , la fraîche l’oseille le pognon le flouze le blé l’argent de leur forfaiture et les intérêts et ce qui va avec ( comme les parfums les plus délicats , hors de portée de nos grossiers museaux de prolos).
À nous les discours-fleuves indigestes et la honte de n’y comprendre goutte* ; à eux la gloriole et les gaudrioles cinq étoiles Michelin. À nous les pavés ( et comment!) ; à eux les plans de carrière . À nous la pitance généreuse et roborative de leurs plumes ( ces gens-là ne seraient donc pas des veaux!) ; à eux les tables les plus plantureuseset les petites manucures. À nous la misère crasse de l’ignorance entretenue par leurs fables ; à eux les sourires assurés des happy few. À nous la faiblesse de prêter parfois une oreille distraite ou confuse , alléchée même (de veaux des veaux je vous dis des veaux!), complice (si si)
à tous leurs vents mauvais au point parfois encore d’avoir la tête ou ce qu’il en reste ou ce qui nous en tient lieu qui tourne pas rond ; à eux le ravissement de l’ours en train de se taper le bon miel de ces putains d’ouvrières. À nous les putains de scrupules ; à eux les relations douteuses. Mais, et aussi à nous les couleuvres ; mais à eux, le nid de vipères et à nous la liberté (d’en rire) et les illusions illimitées de l’imagination ; à eux les chaînes ( car ils ont aussi et en outre , de l’or, des maîtresses et des maîtres à cajoler servir imiter citer tromper renverser toutes choses qui prennent un temps fou , pis précieux , nécessitent une énergie folle elle aussi et finissent par user les organismes les plus roués, après avoir tant et tant excité ce qu’ils ont bien voulu croire pour eux mêmes)
* à moins que leur finalité ne nous apparaisse que trop crûment et ne nous désole irrémédiablement, et pis encore nous rende stériles.
De l’or les mots . De l’or dont on aurait fait du plomb, pas con. Plomb qu’on s’empresse de maquiller en promesses d’Eldorado. Plombs où on enferme sa gueule de chien ? Plomb pour les oreilles rétives au doux sons de la monnaie de singe ; plombs qu’on s’empresse d’accrocher à nos semelles des fois qu’il nous prendrait l’étrange envie de voler de nos propres ailes ( de mouisetique sceptique ) ou de battre notre propre monnaie de singe hurleur. Plomb fondu
De la boue hou ! Les mots . De la boue qu’on jette par les fenêtres. De la boue dans laquelle on se vautre vautrerait sans fard. De la boustifaille aux cochons.
Des perles les mots . Des perles et des rivières . Et des fontaines de jouvence , des fontaines d’enfances.
De la poudre . De la poudre aux yeux pour bobos, prolos et autre gogos.
Des morts , les mots.
Des morts-vivants. Qu’on enterre en douce ou exhume à volonté.
À vot’ santé, à vot’ bon cœur, m’ssieurs-dames.
Des cons , les mots.
Des sales cons.
Ils ne veulent rien dire
ou bien alors ils nous trahissent
et nous plante un poignard dans le mot.
Des vers les mots. Ça grouille ça grouille de partouze entre nos lèvres
De l’air les mots.
Du vent, des mauvais vents, de mauvaises gens et des messes basses et des promesses
Des bateaux les mots.
Des bateaux pour nous mener
en troupeau
la fleur au fusil étriper
des indiens idiots
mettre la main sur le magot
Du chouine-gomme, les mots.
Aux parfums artificiels de paradis à dix balles
Mâchés et remâchés.
En guise de châtiment, et /ou d’amusement populaire, ne pourrait-on pas faire ingurgiter aux spéculateurs de tous poils, actionnaires, boursicoteurs , banquiers, traders, financiers etc etc ( malheureusement il ne manque pas d’etc dans le genre) les bonnes (et les tonnes de) liasses des billets dont ils se goinfrent.
En toutes petites coupures, histoire de faire durer le plaisir…
Sans Grand Soir, ni tambour ni couronne, le Capitalisme is dead.
Joie dans les chaumières ? Que nenni.
Que nenni.
Car vive le Cannibalisme.
Certes il ne date pas d’hier et n’est pas non plus le propre ( ou bien une exception?) de cultures exotiques et pour tout dire peu évoluées. Il est, et depuis bien des lustres , l’apanage de civilisations dignes de ce nom et si cultivées que l’esclavage, le colonialisme, le libéralisme ( qui n’est qu’un avatar décomplexé du Capitalisme et une forme exacerbée du harcèlement – des ressources, quoi qu’elles puissent être) étaient, et sont encore parfois considérés.
On ne se dévore plus des yeux. Mais on dévore. On dévore (on préfère appeler ça consommer, donc on consomme peinard, on consomme somnambule , on consomme zombi, on consomme sans conscience, on consomme et on consume tout – veaux vaches cochons humains).
Heureusement le Progrès n’a pas de fin ( sinon la sienne, comme la vie !) et a donc plus d’un tour dans son sac .
Dépassé déjà le cannibalisme en famille , le cannibalisme entre soi et soi ( on n’est pas si mauvais après tout, et bien cuisiné on peut révéler bien des saveurs – si l’argent n’a pas d’odeur, il aurait une saveur). Dépassé.
Voici venu le Temps des machines et de la Technologie.
L’homme, et le commun des mortels plus que tous autres, vite simple appendice, est désormais la proie d’une Technologie conquérante, aliénante (quoiqu’en puisse penser certains, qui s’imaginent encore et benoîtement aux manettes. Aux manettes de quoi?)
Salves de printemps entre deux :
je suis un propriétaire terrien heureux, j’ai désormais deux brouettes sur les bras , que j’ai toujours au nombre de deux, seulement.
Au fond ( toujours au fond) la Nature est fort mal faite ( et il convient de la corriger comme elle le mérite, cette petite écervelée).
Car enfin, enfin, pourquoi se nantir, sinon s ‘encombrer d’une deuxième brouette ? Si on en a que deux ?
Les bras, pour tout dire , m’en tombent ( je suis , il est vrai une petite nature, un p’tit bras).
Et rassurez-moi, ce n’est tout de même pas parce que la première s’ennuie ( qui dira la mélancolie ou le spleen de la brouette esseulée au fond – on ne le dira jamais assez- du jardin, première allée à gauche?).
Ce n’est pas probablement pas non plus par la grâce d’une vocation tardive pour une collection fumeuse ( comme si la récolte allait du coup être sensationnelle!), par désir dingue-dingue d’avenir vert (tu verras tu verras…), lubie or not ubiquité, fétichisme, déviationnisme éhonté, ni pour l’art genre installation pop art Cadillac semi-enterrées somewhere zoo States, ni pour la reproduction ( laquelle doit probablement nécessiter deux exemplaires) n’est ce pas ?
Non, bien sûr !
Il faut dire la vérité, toute la vérité (mais pas rien que la vérité, faut pas exagérer) quelques fois, comme ici .
Et la vérité est que la brouette, la brouette eh bien mais c’est la sirène du jardin.
Elles y épanouissent leurs chants fatals dans des harems qui sont comme des oasis, ou vice-versa.
Elles y roulent des arias lancinants à vous arracher des larmes, même à Boulez et consorts ( le Boulez qu’est quand même un balèze dans le genre).
Elles vous connaissent sur le bout des bras, vous reconnaissent à votre poigne.
Elles vous tendent les bras. Vous ne pouvez résister longtemps au spectacle de leurs rondeurs, vous craquez bientôt aux charmes de leur galbe souverain, et vous bandez déjà vos muscles… et ..et vous les saisissez, vous les empoignez virilement cela va sans dire et ça roule ma poule, vous les comblez sans tarder et vous leur arracher des plaintes oui mais des plaintes ( à se faire pâmer Pierre Henri sept fois), vous les poussez dans leurs derniers retranchements, vous les renversez, vous les videz, tour à tour et vous remettez ça, encore et encore, tant et tant que c’est à ne pas y croire… (le soir venu cependant vous voilà rompu, décidément naze, et au lit avec les poules (!?) une poule (!?)
les jardiniers tromperaient-ils leur femme avec leur brouette, et avec trop d’entrain, ou s’entraînent-ils*?
* En vue, entre autres, de l’exode climaticole, où la brouette est appelée à un riche avenir (mon royaume pour une brouette ! Une brouette sinon rien!).
Car elle roule monsieur, elle roule ! Et non seulement elle roule des mécaniques sans le moindre carburant ( sinon celui inépuisable de la foi). Ses qualités exceptionnelles ne s’arrêtent pas là , puisque moyennant de menus aménagements ( à la portée du pékin moyen qui plus est) elle flotte par dessus le marché. Les cours peuvent monter ou descendre, faire le yoyo ou tout ce qui bon leur semble, elles flottent. Ce qui fait que nous avons là un engin des plus émérites et éminemment casher. Pour une somme dérisoire qui plus est. Que demander de plus ? La clim’ ? Teu teu pas casher la clim pas casher.